CE 31 MAI 2006, ORDRE DES AVOCATS DE PARIS.

La liberté du commerce et de l’industrie renvoie à une représentation de l’ordre économique et social marquée par le libéralisme économique. Elle repose sur une méfiance à l’égard de la puissance publique dont les interventions dans l’activité économique limiteraient la liberté individuelle. La crise du libéralisme classique et le progrès de l’interventionnisme public ont nourri durant l’ensemble du XXe siècle la critique de la liberté du commerce et de l’industrie. L’Etat gendarme remis en cause, la puissance publique intervient de plus en plus dans les domaines économiques et sociaux d’où la promotion de la notion de service public. Cette dernière est définie par l’arrêt Narci du 28 Juin 1963 comme une activité d’intérêt général assurée directement ou indirectement par une personne publique et soumise a des degrés divers à un régime juridique spécifique. Mais la disparition de la liberté du commerce et de l’industrie est démentie par la jurisprudence récente du Conseil d’Etat notamment influencée par l’essor du droit communautaire. Le maintient du principe de la liberté du commerce et de l’industrie malgré les limitations et dérogations qui lui sont apportées traduit l’attachement du juge administratif à la protection de l’initiative privée. Il manifeste également le souci du Conseil d’Etat d’assurer la légitimité de l’intervention publique.
Ainsi, en 2006, dans l'affaire " Ordre des avocats du barreau de Paris " le Conseil d'Etat a statué sur la possibilité pour une personne publique de créer un service alors que des personnes privées le rendent déjà et sur la question du maintien de ce service alors que la carence de l'initiative privée n'existe plus.
Plutôt que d’être en contradiction avec la nécessité de l’intervention publique, le principe de la liberté du commerce et de l’industrie ne l’a-t-il pas davantage intégré ?
La jurisprudence est très marquée par le contexte économique et social dans lequel elle a