La culture renvoie, au sens le plus général, à l’ensemble de ce que l’homme élabore dans l’histoire et conserve dans la tradition. Elle se distingue donc de l’inné, de ce qui est naturel, et que l’homme ne fait pas. Il n’y a pas d’humanité sans culture, au sens où la culture est la manifestation même de la raison humaine, à commencer par le langage. Il n’y a donc pas, à l’évidence, à critiquer la culture elle-même, sauf à vouloir vivre comme des bêtes et à renier ce qui en nous fait l’humanité. Mais la culture ne se révèle pas, chez l’homme, sous un jour unitaire. Plus précisément, il n’existe pas une culture, mais des cultures. Cette multiplicité se révèle d’abord géographiquement, puisque selon les pays, on remarque que les langues, les coutumes, les savoirs et les arts, diffèrent. Historiquement, de même, les cultures se transforment, et ne sont pas les mêmes à différentes périodes. S’il n’y a pas une culture, mais des cultures, on est alors en droit de les comparer, et de se demander si certaines ne valent pas mieux que d’autres. Par valeur, il faut entendre ici ce qui fait qu’une culture peut être appréciée en termes d’utilité, de bonté, ou encore de beauté. La question a un enjeu très clair. Si certaines cultures valent plus que d’autres, et ceci objectivement, cela peut signifier que certaines méritent de s’imposer comme modèles, et qu’elles peuvent à bon droit essayer de s’étendre. Si, maintenant, la valeur des cultures n’est que relative, aucune n’a, de manière légitime, la prérogative sur une autre. Le problème qui se pose, et qui rend la réponse à cette question si difficile, est celui du critère. Sur la base de quel critère mesurer la valeur d’une culture ? Le choix d’un critère économique, moral, ou encore esthétique, n’est-il pas un parti pris relatif à la situation culturelle de celui qui juge ? Autrement dit, comment juger objectivement une culture puisque tout jugement est enraciné dans une culture singulière ? Ne juge-t-on