Peut On Ne Pas Savoir Ce Que L On Fait
Avoir conscience, c’est d’abord prendre acte de quelque chose. Je sais que l’autre est là, que j’ai chaud, que nous sommes tel ou tel jour, que je lève mon bras. En ce sens, il semble que tous nos actes s’accompagnent d’une conscience immédiate. On ne peut pas dire que le somnambule fait véritablement le tour de la maison. Il subit plutôt une crise de somnambulisme. Nous sommes présents à nous-mêmes, on sait donc qu’on est là en train de faire, que c’est nous et pas un autre qui agit. Mais avoir conscience c’est aussi et surtout avoir la connaissance , or connaître ou comprendre quelque chose c’est en saisir les causes, le but, le sens, le contenu. Or, si nous savons que nous sommes en train de faire, nous ne connaissons pas nécessairement les raisons et les effets de nos agissements. On peut ici penser aux actes irréfléchis, compulsifs ou à tous ces moments où on ne se reconnaît plus. Il est donc possible que nous ne sachions pas ce qui nous pousse à faire telle ou telle chose, ni où cela nous mène. Aussi peut-on se demander s'il est possible de ne pas être conscient ce que l’on fait. C’est donc du problème de la profondeur de notre connaissance de nous même et de nos actes, de la possibilité d’une pleine connaissance et maîtrise de soi dont nous allons traiter. Nous nous demanderons alors, même si nous n’avons pas une conscience immédiate de nos actes, nous les comprenons et si nous pourrions nous contenter de cette supposée ignorance, en ayant en quelque sorte le droit de ne pas savoir ce que l’on fait ?
Il existe deux degrés de conscience : la conscience immédiate et la conscience réfléchie. La première, commune à l’homme et à l’animal, consiste à simplement être conscient de ce qui se passe en et hors de nous. Nous sentons ce qui nous affecte et ce que nous faisons, dès que nous sommes en éveil. Cette conscience ne disparaît que partiellement lorsque nous dormons, le rêve attestant sa présence,