Peut-on être libre ou pas ?
En effet, l’esclave est en partie privée de ce qui fait de lui un homme. L’esclave ne décide pas pour lui, il est dépendant de la volonté d’un autre. Même à considérer qu’il lui reste des zones de choix (tomber amoureux, par exemple), il lui est physiquement impossible de s’appliquer à suivre ses pensées. Il faut attendre que les rôles soient inversés pour qu’Arlequin se tente à la séduction de Cléanthe. Avant cela, comment aurait-on pu connaître l’amour d’Arlequin ? Lui seul se connaissait amoureux. Aussi, dans le regard d’autrui, l’esclave n’est plus lui-même, l’esclave est devenu son maître. Être esclave c’est être, en pratique, un autre que soi-même. En cela, le goût de la liberté n’est-il pas un amour de soi ? Dans cette perspective, nous considérons que le « soi » dont il est question se construit dans le regard de l’autre ou dans mon propre regard sur mes actions. La liberté de penser, en sommes, ne me suffit pas. Or, pour …afficher plus de contenu…
Chacun aura pu faire l’expérience d’avoir vu évoluer ses goûts au fur et à mesure du temps. Le cas est particulièrement frappant en matière de musique : l’on aimera d’abord le jazz, par exemple, pour ne plus jamais en écouter quelques années plus tard. Le goût est donc potentiellement périssable. Si le goût, à la différence du désir, ne souhaite pas l’actualisation de l’objet, c’est notamment parce qu’une actualisation constante serait l’occasion de la destruction de ce goût. Qui n’écoutera que du jazz toute la journée finira très probablement par se dégouter du jazz. Il faut ainsi modérer son désir pour préserver son goût intact. Cela nous amène ainsi à questionner le sujet sous un nouvel angle : à trop de liberté, puis-je m’en dégoûter ? Souhaite-t-on toujours la liberté effective ? Le contractualisme de Locke, dans