philo dévoilement final
Bakaya
2DG
L’érotique du dévoilement
Aujourd’hui, le dévoilement du corps provoque des réactions paradoxales, uniquement dépendantes du contexte dans lequel il existe. Tandis qu’il éveille les désirs, ou suscite l’admiration dans certains lieux et à certains moments, il peut aussi être considéré comme risible, vulgaire ou embarrassant. Le nu, quand il est montré dans un contexte artistique, est sublimé, idéalisé, doté d’une pureté illusoire, presque utopique. En 1956, à travers un ouvrage qu’il consacre au nu, Paul Valéry souligne ce paradoxe : « Des personnes graves qui l’avaient en horreur à l’état vivant, l’admiraient dans le marbre ». Un indéniable héritage de la civilisation grecque, qui usa de la représentation de la nudité comme jamais auparavant. Ainsi, même lorsque l’histoire connut des périodes où les codes sociaux imposaient une pudeur exacerbée, l’art disposait d’un droit presque divin de dévoiler la nudité « à l’antique ». Quel scandale fut provoqué par l’œuvre d’Édouart Manet ! Lorsqu’il peint
Olympia en 1863, le peintre se retrouve la cible de bien des critiques. Il choque par le réalisme et la crudité de la scène ; une femme nue sur un lit défait, reçoit des fleurs.
Sa position n’est pas obscène, elle pose avec nonchalance, la main gauche voile son sexe. D’habitude prenant la forme d’une noble allégorie, le nu se transforme ici en nudité, choquante exposition de la réalité. En effet le titre donné à l’oeuvre:
Olympia, est équivoque, il s’agit d’une prostituée recevant un cadeau d’un de ses amants. Tandis que le nu traditionnel formule une utopie, ici la contextualisation de ce corps dévoilé accueille une perception contraire à la première ; le corps n’est plus l’expression d’une utopie, il est le simple constat d’une réalité révélée impudiquement. « On dit communément que le nu est toujours chaste pourvu qu’il soit beau ; mais il vaut mieux dire que le nu est beau pourvu qu’il soit chaste » nous dit
Émile-Auguste Chartier (Alain).