Philo : faire son devoir et rechercher son bonheur sont ils deux buts incompatibles ?
Introduction : Le bonheur peut se définir comme un état stable et durable de satisfaction personnelle. Le rechercher implique de faire ce qui est bon pour soi, ce qui nous rend heureux personnellement. Faire son devoir implique au contraire l’idée d’un certain renoncement à ses intérêts personnels, voire un certain sacrifice de soi, en vue de l’intérêt des autres. Ainsi, la recherche du bonheur et la recherche du bien semblent donc bien être deux buts très distincts. C’est pourquoi d’ailleurs, on peut très bien imaginer un individu mauvais mais heureux, et inversement un homme d’une grande moralité très malheureux, comme l’illustre par exemple le personnage de Gilliatt dans Les travailleurs de la mer de Victor Hugo. Gilliatt, exemple de vertu morale, est le plus malheureux des hommes, car sa promise ne l’aime pas. On pourrait même aller jusqu’à penser qu’il s’agit de deux activités incompatibles dans la mesure où ils visent deux buts contradictoires ; lorsque je m’occupe de moi, je ne m’occupe pas des autres ; et inversement, lorsque je m’occupe des autres, mon bonheur personnel passe au second plan. C’est ce qu’on appelle l’abnégation ou le dévouement. Il faudrait donc choisir entre une vie orientée vers la recherche égoïste du bonheur et une vie orientée au contraire vers la recherche morale du bien des autres, au sacrifice de ses intérêts personnels. Mais, l’homme, en tant qu’être à la fois sensible et rationnel, peut-il vraiment faire un tel choix ? Peut-il renier radicalement une de ses deux dimensions de son existence ? Autrement dit, l’homme peut-il vraiment être heureux dans l’immoralité radicale ? Et inversement, une vie morale exemplaire n’apporte-t-elle pas nécessairement, si ce n’est le bonheur, du moins un certain contentement de soi (que l’immoralité empêche) ? Mais alors, au fond, entre la recherche du bonheur et la morale, y a-t-il une incompatibilité de principe ou