philo
Auteur stoïcien du premier siècle avant Jésus-Christ, Cicéron a été partiellement formé en Grèce où il a appris à aiguiser son sens critique. Dans ce texte, tiré du De la divination, il s’interroge sur la possibilité de prévoir un événement. Sur quels indices se fonder ? Comment opère une science prédictive ? Contestant la pertinence de la croyance partagée par la majorité de ses contemporains (y compris par bon nombre de stoïciens) dans les signes divins, Cicéron propose dans ce texte de comparer deux types de prédictions : celle fondée sur l’observation rigoureuse de phénomènes naturels pour anticiper des événements cosmologiques et celle qui conjecture à partir d’indices faibles sur nos chances de gagner ou de trouver de l’argent. Son analyse l’amène à réfléchir sur la possibilité même du hasard et sur ce que la raison peut en dire.
Partie I.
Il suffit donc de percevoir la cause pour anticiper sur son effet.
Dans un premier temps, Cicéron rappelle que ce qui est prévisible, c’est ce qui a une cause dont on connait l’effet, il suffit donc de percevoir la cause pour anticiper sur son effet. Dans ces conditions le risque d’erreur est faible. Ainsi, les astronomes peuvent par l’observation du mouvement des astres et certains calculs prévoir les éclipses de lune ou de soleil. Il ne s’agit alors que de se laisser guider par une « loi naturelle » (concept central ici), c’est-à-dire, et c’est d’ailleurs le sens du mot loi, par un rapport constant entre des faits qui sont systématiquement en consécution les uns avec les autres. Détaillant l’exemple de l’éclipse de la lune, Cicéron montre ainsi comment les astronomes la prédisent à partir de l’observation du « cône de ténèbres » que la terre projette sur elle quand l’alignement soleil/terre/lune est parfaitement respecté. On voit que c’est l’ajout d’une loi naturelle (le cours régulier des astres) à une observation empirique (l’obscurcissement visible de la lune) qui sert de fondement aux