Philosophie
Introduction
Dom Juan incarne communément la figure du libertin. On songe d’abord à la liberté des mœurs, sensuelle, parfois associée à la débauche, mais le libertinage est aussi une liberté de pensée, émancipée des carcans de la religion, de la superstition. Dès la première scène de l’acte I, Sganarelle présente son maître sous ce double aspect du libertinage : il ne croit « ni Ciel, ni Enfer, ni loup-garou », il passe cette vie en « pourceau d’Épicure », c’est un « vrai Sardanapale ». Cette scène 2 est celle de l’entrée en scène de Dom Juan et, pour répondre à Sganarelle qui condamne l’infidélité, il se lance dans une justification qui est tout autant une profession de foi que l’autoportrait d’un libertin.
À travers cette tirade, Dom Juan révèle son libertinage. C’est d’abord un libertinage de mœurs ostensiblement exposé, mais encore, le caractère provocateur de ce discours révèle un libertinage d’esprit à l’écart de toutes les normes morales et sociales.
I- Le libertinage des mœurs
A- La constance est avant tout condamnée
C’est une affirmation simple et brutale qui expose clairement la position de Dom Juan à la ligne 131 « la constance n’est bonne que pour les ridicules » et cette affirmation est encore marquée du sceau de la certitude grâce à la double négation qui la précède « non, non ». Dans son discours, Dom Juan associe la constance ou les liens de mariage à plusieurs images négatives. La première d’entre elles est celle de l’enchaînement servile suggéré par la tournure verbale « se lie à demeurer » l.125, lier rappelant les nœuds, ou encore par le verbe « prendre » dont Dom Juan est le complément d’objet. Derrière cet enchaînement, c’est ensuite l’image de la mort qui apparaît : d’abord une mort sociale puisque la constance exige que l’on « renonce au monde », puis l’image de la mort devient plus nette et violente, car le mariage consiste à « s’ensevelir », à « être mort dès sa jeunesse » à s’ «