Pompidou
Ce discours, prononcé au dîner de l'Alliance française lors du voyage de Georges Pompidou aux États-Unis, a pour thème principal l'environnement.
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Avec ses 8 millions d'habitants, ses 46 milliards de dollars de produit annuel brut, un revenu annuel par famille de 14000 dollars, une production d'acier supérieure à celle de la France, Chicago n'a pas besoin d'éloge. La réalité de ses entreprises parle pour elle, comme la beauté de ses gratte-ciel qui évoquent les noms des plus grands architectes, tels que Mies van der Rohe. Dans l'aventure de l'Amérique moderne, du monde moderne, votre ville joue un rôle éminent que lui confèrent l'esprit d'entreprise et l'énergie de ses citoyens. Il n'en est pas de plus représentative des progrès extraordinaires accomplis par les États-Unis dans les domaines de la technique et de l'industrie.
Mais le rythme de cette évolution crée à l'homme de la fin du XXe siècle des problèmes inattendus. Pris de court par les transformations de son milieu dont il est pourtant directement responsable, il se demande s'il est encore capable de maîtriser les découvertes scientifiques et technologiques dont il attendait le bonheur. Tel l'apprenti sorcier, ne risque-t-il pas finalement de périr par les forces qu'il a déchaînées.
L'emprise de l'homme sur la nature est devenue telle qu'elle comporte le risque de destruction de la nature elle-même. Il est frappant de constater qu'au moment où s'accumulent et se diffusent de plus en plus les biens dits de consommation, ce sont les biens élémentaires les plus nécessaires à la vie, comme l'air et l'eau, qui commencent à faire défaut. La nature nous apparaît de moins en moins comme la puissance redoutable que l'homme du début de ce siècle s'acharnait encore à maîtriser, mais comme un cadre précieux et fragile qu'il importe de protéger pour que la terre demeure habitable à l'homme.
C'est en grande partie la