Pouvoir
Le pouvoir politiques dans les sociétés sans Etat : l’étude de Pierre Clastres sur les sociétés primitives amérindiennes
Le lieu d’expression du politique pose la question des « sociétés sans Etat » étudiées par Pierre Clastres[1], une étude critiquée par Jean-William Lapierre[2]. En effet, Clastres s’est intéressé aux sociétés traditionnelles amérindiennes (les Tupi-Guarani, les Guayaki). Etant l’un des premiers anthropologues à avoir étudié des sociétés dépourvues d’un centre politique, il s’est attaché à montrer que ces sociétés n’étaient pas des sociétés sans pouvoir politique, mais seulement des sociétés sans Etat ou même des sociétés contre l’Etat. A ce titre, Clastres distingue les sociétés occidentales (historiques) à pouvoir politique coercitif (différencié, spécialisé) des sociétés amérindiennes – traditionnelles (sans histoire) à pouvoir politique non coercitif où le pouvoir politique est diffus, invisible, non différencié à cause de l’absence de gouvernement, d’appareil administratif, judiciaire. Les premières sont les « sociétés avec Etat » et les secondes qui font l’objet de son étude représentent les « société sans Etat ».
Mais pour lui, même si l’absence d’appareil politique différencié (l’Etat) caractérise les sociétés traditionnelles, celles-ci sont bien dotées de modes de régulation politique. Ce sont des « sociétés sans Etat », sans centre politique mais non des sociétés sans politique. Clastres sépare ainsi l’exercice d’une fonction politique de l’existence d’un Etat. En cela, la thèse de Clastres renverse la perspective marxiste qui postule que le changement des modes de production (combinaison entre forces productives et rapports de production) des groupements humains détermine la transformation sociale (division en classes antagonistes de la société) et politique (formation et développement de l’Etat tant qu’instrument de la classe dominante).