Peut-on dire que les agressions subies par Célie et Precious changent leur perception d’elles-mêmes, et, si c’est le cas, comment?

Un être humain ne nait pas préconçu, entièrement fait, prêt à affronter les plus difficiles obstacles de la vie. Bien au contraire, à travers son apprentissage et son entourage, son identité se forme, ses idées se développent et sa perception de soi se solidifie. Malheureusement, il arrive que ces conditions, loin d’être propices, nuisent à l’inverse à la croissance et laissent des répercussions graves à l’égard de son façonnement intérieur. Dans les romans Precious par Sapphire et La couleur pourpre par Alice Walker, les deux protagonistes s’avèrent victimes d’une réalité déraisonnable quant à leur vision de la vie. Il est entièrement juste d’affirmer que les agressions subies par Célie et Precious changent leur perception d’elles-mêmes étant donné que ces hostilités sont les causes de leur déchainement psychologiques et sociales.

Premièrement, les agressions encaissées par Célie dès son jeune âge transforment à jamais son intériorité d’une manière féroce. D’une part, ayant été trop tôt victime de viols farouches autant sur le plan sexuel que mental, elle s’associe à une proie de la violence des hommes. Évidemment, sous les caprices d’un père et d’un mari déments, la brutalité masculine n’avait pas le choix que d’occuper son quotidien et donc, ébranler sa fixité mentale. En fait, elle les craint à un tel point qu’elle n’ose même pas de les regarder : « Je regarde même pas les hommes. Ça c’est la vérité vraie. Je regarde les femmes, vu qu’elles j’en ai pas peur. » (p.13). N’est-ce pas triste de constater cette réalité absurde? N’est-ce pas ridicule? La jeune adolescente s’effraye à l’idée même de poser un simple regard sur ces hommes. Elle se dit que c’est même normal qu’elle soit autant soumise, voire esclave. Enfin, quelle atrocité faut-il avoir vécue afin qu’un regard puisse terrifier et symboliser la soumission et l’effroi?