Ernest LABROUSSE, « Problème de la propriété et de l’économie rurale en Angleterre 1815-1830 », in Le Royaume-Uni de 1815 à 1848, conférence de 1956-1957
Polycopié de la FGEL. Extrait

La question importante des enclosures.
Enclosures signifient clôtures, mais avec un sens spécial : il s‘agit des clôtures des propriétés rurales consécutives à ce que nous appelons aujourd’hui un remembrement. Celui-ci regroupe les parcelles éparpillées sur les trois sols de l’assolement. En effet en Angleterre rurale du Moyen Age comme la France du Nord a une campagne de champs ouverts, un « open-field ». La terre labourable était divisée en trois tiers. Le village était au centre : il était immédiatement entouré de quelques jardins cultivés sans interruption et pour lesquels on utilisait le fumier. Il n’y avait plus de fumier pour les champs et il était nécessaire de faire reposer la terre. C’est pourquoi on la divisait en trois sols : sur un sol on cultivait par exemple la première année l’avoine, la seconde année le blé, et la troisième année la terre était dite « en jachère », c'est-à-dire qu’elle n’était pas cultivée. Il y avait ainsi une rotation des terres. Mais cela impliquait une division des sols en parcelles car si un habitant avait eu tous ses champs sur un même sol, une année sur trois, il n’aurait pas eu de récoltes. Il fallait faire une répartition des champs telle que chaque habitant ait des parcelles de champ dans chacun des trois sols. Cette division parcellaire s’est multipliée au fur et à mesure de la succession familiale, des héritages, des partages… La France du Nord et de l’Est a connu aussi une situation d’open-field. D’autre part, les animaux passaient sur une zone périphérique jamais mise en culture. Ces terres toujours en friche s’appelaient « terrains communaux ». Cette vieille civilisation rurale de l’open-field est une civilisation communautaire : l’usage libre des communaux appartient à tous. De plus ces nombreuses petites parcelles ne sont pas