Pyrame et thisb1
Pyrame et Thisbé (Acte V, scène 2)
Théophile de Viau (1590-1626): Le baroque
Registre tragique et lyrisme
I. La nature: le témoin de la tragédie Il s’agit d’un texte d’auto-persuasion, un monologue qui tente de trouver un sens à l’évènement tragique que vient de vivre le personnage (mort de Pyrame) afin de justifier l’acte final du suicide. C’est ainsi que les propositions causa les apparaissent à trois reprises, comme tentative d’explication rationnelle introduite par « puisque » : « Bel arbre, puisque au monde après moi tu demeures » (l.14) « …et puisque le destin/De nos corps amoureux fait son cruel butin » (l.32) et « Et puisque à mon sujet sa belle âme sommeille » (l.38). Thisbé souhaite que la nature dépérisse pour s’associer à son deuil ; mais même si les arbres pouvaient donner l’apparence du deuil, ce ne serait que provisoire : « mais que me sert ton deuil ? » (l.20). C’est pourquoi aussi, même si Pyrame revivait un jour (« demain/aujourd’hui »), Thisbé est décidée à mourir sur-le-champ : « Je me suis résolue aujourd’hui de le suivre » (l.31). C’est donc après la confrontation de réalités contradictoires que Thisbé adoptesa résolution finale : la nature semble mourir mais elle revit au printemps suivant ; même si Pyrame revivait, Thisbé serait déjà morte. La conjonction « mais » (« Mais mon Pyrame est mort » (l.26)) laisse entendre un « donc » logique qui conclut le raisonnement que se tient le personnage : « Que donc ton bras sur moi d’avantage demeure, Ô mort » (l.11).
Les personifications:
· L’arbre : mûrier sous lequel avaient rendez-vous les deux amants et qui est témoin de leurs joies et de leurs souffrances. Ses branches deviennent « des cheveux, son aubier un « estomac » (son cœur dans le vocabulaire de l’époque), et sa sève une « sanglante humeur ».
· Le Destin : il apparaît sous les traits d’un soudard qui « De [leurs] corps amoureux fait son cruel butin » (v.20).
· Le