En quoi peut-on songer à propos de Pénélope à une forme d’«odyssée » ou de voyage qui pour le spectateur, n’est pas seulement à mettre en relation avec l’épopée d’Homère ?

Spectacle avant tout destiné au jeune public, Pénélope, œuvre créée par le Théâtre de Sartrouville, est définie ainsi dans le dossier pédagogique[1] l’accompagnant : c’est « du théâtre d’objet qui utilise l’histoire de Pénélope, Ulysse et Télémaque pour raconter l’absence, la séparation, le lien parent-enfant ». Si, en effet, le metteur en scène Hubert Jégat s’inspire d’une partie de L’Odyssée d’Homère, il se permet aussi des libertés sur certains points. Les personnages gardent les mêmes noms, cependant leur forme parfois diffère de celle chantée par l’aède Homère. Pour cela, il utilise différentes formes de représentations scéniques : une actrice seule en scène pour donner vie au texte, aux personnages, aux marionnettes, aux objets et aux chansons. Mais au-delà de l’adaptation du poème homérique et de la prouesse de la comédienne et marionnettiste Elise Combet, Pénélope est un spectacle qui parle de la vie et des douleurs nouvelles causées par la modernité.

Si ce spectacle « n’est pas seulement à mettre en relation avec l’épopée d’Homère », il est en fortement inspiré, de manière détournée et nous fait faire un va et viens entre ce mythe et son adaptation scénique. Le titre présente le personnage éponyme, Pénélope, la femme d’Ulysse - personnage principal de L’Odyssée – qui attend le retour de son mari durant vingt ans. Tout comme le personnage présenté sur scène, la Pénélope mythologique brode. Chez Homère, dans le but de repousser ses prétendants pour rester fidèle à son mari ; dans le spectacle d’Hubert Jégat, par passion. Nous retrouvons aussi les personnages de Cerbère et d’Hermès. Dans la mythologie grecque, Cerbère est le chien à trois têtes et à queue de serpent gardant l’entrée des enfers. Ses trois têtes peuvent représenter le temps passé, présent et à venir, ou la