Qu'est-ce que prendre conscience?
Il existe des expressions voisines de "prise de conscience" comme "se rendre compte" ou "s'apercevoir". Elles ont en commun la forme réfléchie, ce qui n'est nullement un hasard puisque seule une conscience peut prendre conscience en se rapprochant par là à elle même. Le problème est de comprendre comment la conscience peut se faire défaut à elle même et être à la fois requise dans la prise de conscience, être au préalable absente pour que la prise de conscience soit nécessaire et présente pour que celle ci puisse être effectuée.
Dans un premier temps, il faudra examiner les différentes modalités suivant lesquelles la conscience s'aperçoit de ce qui lui échappait. Le passage de l'ignorance ou encore de l'indifférence à la conscience n'est il pas pensable comme celui du possible au réel, du potentiel à l'actuel?
Mais nous verrons que l'hypothèse d'un inconscient psychique n'est pas l'ultime explication du paradoxe en question puisqu'il faudra encore préciser qui peut être le sujet de la conscience qui prend conscience. La prise de conscience ne peut consister en un long travail qui dépasse les limites de l'individu, en une activité trans-individuelle?
Mais si la conscience est fondamentalement une modalité du savoir, de tout savoir possible, et la prise de conscience le terme d'un progrès, prendre conscience pourrait-il s'apparenter alors à une prise de fonction, dans un rapport au monde, et finalement représenter le mode d'être opératoire du sujet pensant comme aussi le fondement de ce savoir.
La forme la moins problématique de la prise de conscience consiste dans l'eveil de l'attention:
- la conscience devient attentive à son activité et par cette réflexion induit une connaissance: "je pris garde" écrit Descartes au terme de sa démarche bien connue à la IV° partie du discours de la méthode, c'est à dire encore je m'aperçus. Voilà un modèle de la pensée qui se pense.
- Dans une perspective plus large que celle