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Ce n’est donc pas dans la Nature (chap. 2 et 3) que l’on peut chercher le fondement légitime du droit dont dépend l’ordre social. Par élimination des solutions naturalistes, il reste désormais à envisager l’hypothèse « contractualiste » d’une convention entre les hommes : d’un artifice par opposition à la nature (car le contrat social est bien un artifice).
Or ROUSSEAU n’est pas le premier à avoir pensé à l’idée d’un pacte social (ou contrat), qui serait la source et le fondement du politique. Le philosophe politique du XVIIè (en particulier Hobbes) pense déjà que l’homme n’est pas naturellement politique ( contrairement à la pensée antique illustrée par ARISTOTE pour qui l’homme était un animal politique naturellement). Le « contrat » permet à ces auteurs de penser le passage de « l’état de nature » (terme désignant un état éminemment dangereux et conflictuel, car antérieur à la société et à ses garanties juridiques et policières) à « l’état de société ». Seule la crainte de mourir pousserait alors chacun à se destituer de ses droits naturels ( limités à notre seule puissance et menacés par celle des autres) pour s’en remettre à la volonté d’un souverain (par exemple un monarque) qui veillerait sur la sécurité de tous. Pour la pensée moderne, L’Etat naît donc de l’artifice humain et non de la nature. Mais ROUSSEAU se démarque de la pensée contractuelle en ce que le seul souverain légitime sera à ses yeux le peuple lui même (et donc ni un roi, ni une puissance extérieure religieuse ou militaire).
Ainsi, ROUSSEAU distingue soigneusement 2 types de contrat :
1) Le contrat de soumission, où un peuple s’en remet à un souverain en renonçant ainsi à ses droits naturels (tel le contrat chez Hobbes). Or, ce type de contrat est injuste et illégitime selon ROUSSEAU car en renonçant à ses droits naturels, l’homme aliène ( c’est à dire « renonce») principalement sa liberté naturelle (son indépendance naturelle) en échange