Renaissance et christianisme
5323 mots
22 pages
L'Europe se trouve en face d'un événement majeur pour son histoire, la Réforme protestante. Voilà pourtant un lieu d'interprétations fort controversées. Cf L. Febvre, qui estimait que la question des origines de la Réforme et particulièrement de l'influence de la culture de la Renaissance était mal posée commentait ainsi Michelet, p. 384. La Renaissance est-elle résurrection de l'antiquité ? " Cette antiquité, la voilà qui transforme les arts, les lettres, la philosophie et porte un coup terrible au christianisme. Le postulat est annoncé pour un siècle : Si le Moyen Age fut chrétien, il ne put être antique et puisque la Renaissance est antique, elle dut tuer, elle tue nécessairement et le Moyen Age et le Christianisme. Bel exemple des sottises que peut dicter la logique à l'histoire ". Les historiens du siècle passé, soucieux d'associer Renaissance et progrès de la raison contre l'obscurantisme religieux ont oublié que l'Antiquité fut aussi chrétienne et que Constantin est aussi important qu'Auguste.
Il faut abandonner cette historiographie qui traîne encore beaucoup dans les manuels et qui voudrait que l'Antiquité fût uniformément païenne. La Renaissance ne détruit pas le Christianisme mais le transforme en effet. Les humanistes ont d'ailleurs remarquablement su baptiser les auteurs antiques comme Platon, Virgile et Cicéron. L'Antiquité ne présentait de danger que chez ceux qui se laissaient aspirer par le paganisme général des temps de Cicéron en voulant trop imiter cette langue latine qu'ils estimaient parfaite. Érasme, lui-même dénonça très tôt ce snobisme qui considérait à imiter les antiques jusque là. La Renaissance a donc une face chrétienne, fort agitée d'ailleurs, et qui ne se résume pas à de l'antirenaissance ou au conservatisme des théologastres (fortement remis en cause d'ailleurs). Au niveau le plus élémentaire, celui des paroisses, Pierrette Paravy, Francis Rapp et moi-même avons pu montrer la prospérité de la vie religieuse à la veille de la