Rire et publicité
Le premier porte sur l’image des femmes, ou sur l’utilisation commerciale qui en est faite : les publicitaires, dans ce domaine, peuvent-ils tout se permettre ?
Le second porte sur l’humour : est-il toujours une excuse suffisante ?
Je commence par ce dernier problème. Il existe des plaisanteries racistes, par exemple antisémites, dont certaines peuvent être drôles. Plusieurs de mes amis juifs ne dédaignent pas, à l’occasion, de m’en raconter. Mais ils ne supporteraient pas, et ils auraient raison, que j’en rie avec un antisémite, ni même avec un inconnu.
Peut-on rire de tout ? Pierre Desproges a génialement répondu : « Oui, mais pas avec n’importe qui. » Il en donnait cette illustration saisissante : « Mieux vaut rire d’Auschwitz avec un Juif que jouer au Scrabble avec Klaus Barbie. » Il avait bien sûr raison. Et qui accepterait, sauf à se déshonorer, de rire d’Auschwitz avec Le Pen ou Haider ?
C’est pourquoi on n’imagine pas une publicité raciste, même humoristique, sur nos murs ou nos écrans : non seulement parce qu’elle serait aussitôt interdite, mais parce qu’on ne peut croire qu’un publicitaire soit assez inconscient pour la proposer. D’où vient cette singularité de la publicité ? Pourquoi lui refuser ce qu’on accepte de nos amis ? Parce qu’elle s’adresse, par définition, à tout le monde : faire rire, dans la pub, c’est toujours rire avec n’importe qui. C’est où l’on retrouve Desproges. Une plaisanterie raciste, même drôle, ne sera jamais, sur une affiche, qu’une ignominie de plus.
Cela nous ramène au premier problème que j’évoquais. Rire des femmes ? Pourquoi non ? Rire d’une plaisanterie misogyne ? Cela peut arriver. Mais pas avec n’importe qui. Mais pas avec un beauf