Ruy blas, victor hugo, commentaire composé
Un tel mélange est permis par des personnages divers et typiques : on trouve le machiavélique Don Salluste, personnification du mal, mais aussi Don César, source du comique de la pièce dans l’acte IV, la reine, entre ange et femme, d’une sensibilité et d’une tendresse typiquement romantiques. Et enfin Ruy Blas, le héros, représentant des passions refoulées mais aussi du peuple. Car en plus de chercher à peindre les sentiments humains, cette pièce se teinte d’enjeux historiques et politiques ; elle capte le moment subtil où la monarchie s’écroule et comme le dit Hugo : « le royaume chancelle, la dynastie s’éteint, la loi tombe en ruine ». Sa description de la fin du royaume d’Espagne vers 1690 est ainsi bien plus universelle qu’il n’y paraît, et on la transpose aisément à la France de Louis …afficher plus de contenu…
Grâce à son utilisation fluide et imagée de l’alexandrin, il nous plonge dans la pièce ; la lecture est rapide, rythmée par beaucoup d’actions et de rebondissements, comme le retour de Don César à l’acte IV et surtout elle est cadencée par cet alexandrin riche, salué par Emile Zola dans Le Voltaire en 1872 par ces mots « au détour d’un hémistiche, au coin d’une césure, il y a de soudaines échappées : c’est une fière attitude qui s’indique, c’est un amour qui passe, c’est une pensée immortelle qui s’envole ». La subtilité des sentiments est dépeinte judicieusement, tout en conservant parfois de grandes envolées lyriques propres au style