Réflexion à propos de l'art
« l’homme s’est toujours servi de l’art comme d’un moyen de prendre conscience des idées et des intérêts les plus élevés de son esprit.
Les peuples ont déposé leurs conceptions les plus hautes dans les productions de l’art, les ont exprimées et en ont pris conscience par le moyen de l’art ».
Sous cet éclairage, l’art ne serait donc pas un langage livrant du sens, mais une expression de l’esprit et s'il ne lui reste que l’imitation de la nature, cette voie est une impasse.
L’imitation de la nature trahit donc une ambition : permettre, non pas à un "artiste", mais plutôt à un technicien habile, de créer des artifices et d’imiter le Dieu démiurge. Une telle position n’engendre pas seulement l’ennui, elle relève de la transgression : le jour du jugement dernier, disent les musulmans, les images reprocheront aux artistes de ne pas leur avoir donné d’âme. Mieux : L'imitation révèle l'incompréhension radicale de la différence entre la nature et l'esprit: En effet, pour autant que Dieu soit l’artiste suprême, sa plus belle œuvre n’est pas la nature, mais l’artiste - être d’esprit créé par l’esprit - qui va reconduire par son art la nature à l’esprit.
Ainsi, on peut dire que « la beauté artistique est la beauté née deux fois de l’esprit »
L’art est donc seul capable de saisir l’essence enfouie de la nature, de la manifester dans l'apparence qui réalise l’identité parfaite de l’intérieur (l’essence) et de l’extérieur (la forme sensible).
L'art est l’activité humaine visant à exprimer les préoccupations, les croyances, les questions sous une forme telle qu'elles traduisent les émotions et les sentiments que les hommes éprouvent en y pensant. L'art n'a donc pas n'importe quel contenu, il prend pour objet ce qui émeut l'homme, ce qui le concerne intimement, ce qui renvoie aussi bien à des thèmes éternels qu’à des préoccupations précises, liées à un contexte