En quoi la danse est l'art du corps par excellence ?
Souvent pratiquée lors d’évènements festifs, la danse apparaît d’abord comme un pur divertissement qui reflète parfois l’hystérie des participants. Elle est jugée superficielle, gratuite, voire immorale, pouvant susciter un peu de voyeurisme. On va jusqu'à l'assimiler à une simple titillation des sens, qui pervertit les valeurs artistiques. Théophile Gautier déclarait, dans un article consacré à la danseuse Fanny Elssler: « Après tout, la danse n'a d'autre but que de montrer de belles formes. C'est un rythme muet, une musique que l'on regarde. » Dans son système des Beaux-Arts, Hegel considère la danse comme un art imparfait, en dépit de son esthétique, et refuse de lui attribuer une fonction expressive propre, qu’il accorde pourtant aux arts décoratifs ! Ainsi, ce mépris et le faible intérêt intellectuel dont elle a longtemps fait l’objet viennent du fait que, de prime abord, tout …afficher plus de contenu…
De fait, la danse n'est pas seulement légère, elle est légère parce qu’elle fait contraster cette légèreté avec un piètement. Elle a besoin du sol, elle est aérienne, mais elle est également chtonienne. Le corps est ancré dans le sol du fait de sa densité, de sa pesanteur. Pour le danseur, le sol est le lieu d’un jeu paradoxal où alternent attraction et répulsion. Selon Rudolph Laban, célèbre inventeur de la cinétographie, l’essence de la danse se situe dans la primauté du poids. Le poids pose la question du choix et de la succession des appuis. Ainsi en danse, le support est le plus souvent le sol, mais pas exclusivement: