Résumé de pascal bruckner extrait de misère de la prospérité
extrait de « misère de la prospérité »
Comme chaque grande civilisation accroît forcément les besoins et que le superflu d'hier devient le nécessaire d'aujourd'hui, il serait vain de refuser la croissance. En revanche, on peut contester la prépondérance du seul modèle financier au détriment des autres. En effet, constituer l'argent en valeur suprême entraîne une quête éperdue du gain qui se traduit par l'asservissement au travail et le sacrifice dommageable des joies existentielles. En outre, ce qu'une majorité attend de l'argent - la conjuration du malheur et de l'angoisse de la mort - non seulement il ne le lui offre pas, mais il la condamne en plus à une fuite en avant aliénante. Pour se dégager de cette course absurde après l'argent, il revient à chacun de rompre avec la pensée dominante: après tout, la valorisation du profit est un phénomène historique.
Il est d'ailleurs simpliste d'assimiler amélioration de l'existence et fortune accrue comme le fait la vulgate médiatique. Loin de l'obsession de l'épargne et du profit, il est des existences épanouies par des valeurs sublimes comme l'art et l'amour. Au contraire, une vie soumise à la seule emprise de l'argent est misérable, privée de noblesse et de générosité. Il faut remettre l'argent à sa place vraie de médiateur.
Dans cette perspective, la tradition culturelle française qui dédaigne, non sans hypocrisie, l'argent, a du bon : elle rappelle que ce dernier n'a de valeur que subordonné à de plus hautes valeurs. Cette attitude surannée, dissonante dans la mentalité marchande actuelle, se manifeste par le goût des idées et des livres.
En somme, l'humanité qui a prétendu se libérer par elle-même de la misère de sa condition par la technique et l'économie s'est retrouvée, pour longtemps, asservie à ses libérateurs. L'époque actuelle, cependant, connaît une crise qui remet en cause "espoir de salut par la richesse matérielle: s'ouvre alors la perspective salvatrice de retour