SELON VOUS, REECRIRE, EST-CE CHERCHER A DEPASSER SON MODELE ?
DEPASSER SON MODELE
?
Paul Valery avait cette phrase : « c’est en copiant que l’on invente ». L’invention, la création et par là, le dépassement relève toujours d’une préalable copie. L’écrivain est avant tout un lecteur, sans cela, il ne pourrait écrire, réécrire. De ce fait, les œuvres littéraires sont l’expression d’un continuel renouvellement qui est traversé par d’invariants problématiques, de styles qui s’entrechoquent, des modèles toujours à réinventer. Aussi, réécrire, ce n’est pas reproduire une œuvre, c’est se ressaisir d’une trace de l’histoire littéraire pour la déployer, pour la remodeler, dans un travail d’identification et de différenciation continu. Dès lors, la réécriture est-elle nécessairement la recherche d’un dépassement ? Quelle est la nature même de ce dernier ? Car dépasser peut autant signifier faire mieux qu’un modèle qu’aller au-delà. Nous aborderons ce problème à travers une première partie qui montrera que la réécriture est une condition à la production littéraire et qui donnera un aperçu de ses modalités. Dans une seconde partie, nous apporterons des éclaircissements sur la nature du dépassement qu’ambitionne toute réécriture en montrant qu’il s’agit d’un déploiement, d’une ouverture.
I. De la réécriture à la création littéraire
Le corpus du sujet est composé de quatre extraits de fiction du XIXe et du XXe siècle. Ces différents textes s’entrecoupent par des relations de réécriture : la rencontre de
Flaubert avec Élisa Schesinger et les écrits de jeunesse qu’elle inspira (Mémoires d’un fou) vont conduire l’écrivain à exploiter ses lignes dans la réécriture d’une autre rencontre, celle de Frédéric et de Mme Arnoux. L’auteur ici s’inspire de lui-même, qui n’en demeure pas moins un « autre » par la distance et l’écart de maturité qui séparent les deux textes.
Dans un autre registre, le texte d’Aragon extrait de Blanche ou l’Oubli nous donne à voir une transposition