Société moderne

326 mots 2 pages
Quand Cesare Pavese note avec discrétion que la littérature est une défense contre les offenses de la vie, quand Ilia Ehrenbourg s’exclame que si la littérature ne modifie pas l’ordre établi, elle modifie ceux qui établissent cet ordre, quand Marcel Proust insinue que le devoir et la tâche d’un écrivain sont ceux d’un traducteur, lorsque Jean Duvignaud écrit que la littérature nous rappelle confusément que notre expérience est inachevée, quand Roland Barthes dit en passant que si la littérature ne permet pas de marcher, elle permet de respirer, ou lorsque François Mauriac grogne que le romancier est le singe de Dieu, tous reprennent ainsi sous une autre forme et avec d’autres mots ce qui fut dit avant eux, en même temps qu’eux, ce que les écrivains ici présents ont dit à leur manière et que d’autres diront après eux.
Ils disent d’une voix forte ou mezzo voce que la littérature sert à découvrir le monde, à le nommer, le décrire, le déployer, lui demander des comptes, l’enrichir, le compléter, le refaire avant de le transmettre. Oui, ils le disent même s’ils dénoncent ce monde, le vilipendent, même quand ils font mine de s’en écarter, de le quitter ou de s’en défaire. Mais la plus juste manière d’aborder la question de savoir à quoi sert la littérature, en fin de compte je la trouve dans l’ironie de Chesterton quand il murmure que si la littérature est un luxe, la fiction est une nécessité. Car la fiction est l’ombilic de la littérature. Découverte sans doute avant le feu, la fiction a dû naître dans la résille de nos neurones avec le geste et la parole, et longtemps, orale avant d’être écrite et bien plus tard imprimée, elle a servi, dès les commencements, à travestir l’ignorance de nos origines, à brider les peurs de l’inexplicable et à justifier les pouvoirs que les plus roublards et les plus rusés en tiraient. Et il nous en est resté quelque

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