Socrate
C'est pourquoi, pour nous aider dans cette recherche, Platon nous offre maintenant une « image » de la vie et de la mort de Socrate, elles-mêmes les meilleures « images » de ce que devrait être la vie d'un homme digne de ce nom...
L'image se focalise sur ce qui est l'acte le plus important de la vie de Socrate, sa krisis, son procès, montrant la loi en action, entre deux dialogues qui montrent de part et d'autre la lettre (la « matière ») de la loi dans l'Euthyphron, l'esprit de la loi dans le Criton.
Journal du soir ou téléfilm historique ?
L'Apologie de Socrate, dialogue central de la trilogie, nous met en présence d'un « compte-rendu » de son procès qui est à la fois le plus objectif et le plus subjectif qu'on puisse imaginer ! Le plus objectif puisqu'il prétend nous placer exactement dans la même position que les jurés, avec ni plus, ni moins d'informations que ce dont disposaient les jurés eux-mêmes : les plaidoiries de Socrate lui-même pour sa défense, en style direct et sans un seul mot de commentaire ou de mise en scène pour nous indiquer où nous sommes, qui parle et ce qui se passe (ce qui fait qu'il s'agit de tout sauf d'un « dialogue »). Et pourtant le plus subjectif, puisque nous ne voyons Socrate qu'à travers les yeux de Socrate, à travers son propre logos et sa manière de comprendre sa vie. Et même pas ! Car en fait, ce que nous lisons, c'est une réécriture par Platon de ce que nous croyons être les paroles mêmes de Socrate à son procès !...
La plupart des commentateurs estiment que l'Apologie est l'un des premiers ouvrages de Platon, sinon le premier. Ils pensent qu'il l'écrivit quelques années seulement après la mort de Socrate, c'est-à-dire avant même la fondation de l'Académie, pour défendre la mémoire de son maître bien-aimé contre des attaques venues d'autres écrivains de l'époque. Mais une analyse attentive de sa structure (voir le plan commenté de l'Apologie, dans une autre page de ce