Sonnet 6 Du Bellay
Étude du sonnet 6, pages 51-52
Nous répondons à la question suivante : comment le poète exprime-t-il le regret de son passé, l'amertume devant sa condition présente ?
I. Remarques sur la structure
Il s'agit d'un texte qui repose sur une opposition bien marquée par l'adverbe « maintenant » v.9. Le poète reconnaît en ce début de poème un abandon, une soumission au destin, au caprice du sort (« La fortune » v.9, bien placée à l’hémistiche). Dans la 1ère partie du texte (soit les deux quatrains), le poète a exprimé son regret, l'interjection « Las » pour « Hélas » au vers 1 doit être mis en rapport avec l'étymologie supposée du mot « élégie », puisque l'on suppose que « élégie » veut dire action de dire hélas. Dans l'Antiquité, l'élégie est un poème lyrique spécialisé dans l'expression des sentiments mélancoliques provoqués par un deuil ou un amour malheureux. Au XVI ème siècle, ces thèmes se diversifient, en particulier l'éloge des grands. Au XVII ème siècle l'amour n'est plus forcément triste, au XVIII ème, l'élégie désigne tout poème sentimental. De nos jours, l'élégie est avant tout un poème qui exprime la mélancolie, deux mots sont à retenir : plainte amoureuse.
Dans le sonnet les trois questions qui structurent le quatrain sont plus plaintives que l'affirmation ; elles ont moins une valeur rhétorique que sentimentale. En un sens, on peut dire que le poète est amoureux des muses (v.6,7), associées au « doux plaisir » qui entre dans le cadre d'un décor enchanteur idyllique, où le poète mène la danse (cf. v.8 verbe danser lui aussi placé à l'hémistiche), tel une Orphée.
II. Toutefois, dans ce poème, l'assurance du créateur semble avoir laissé place au doute, à la rupture du lien (amoureux) avec les muses.
Les vers 1,2 et 5 sont construits sur l'anaphore, au départ latine « ubi est », »ubi sunt » du topos élégiaque propre à la déploration dans la poésie latine. De fait, le poète se plaint ; il