sport et méritocratie
A/ « C’est dur d’être noir. Vous n’avez jamais été noir ? Je l’étais autrefois quand j’étais pauvre » (Larry Holmes (1) (ancien champion du monde de boxe, catégorie lourd).
B/ Le sport contemporain (2) comporte une dimension essentielle et existentielle du fait des idéaux qu'il incarne et est censé transmettre. Si d'aucuns mettent en avant sa futilité (« ce n'est que du sport »), il s'avère impossible de l'exclure d'une analyse de notre société contemporaine, de ses ressorts concurrentiels, d'un culte du corps omniprésent, des tensions induites par une survalorisation du dépassement de soi, des failles morales d'un modèle entravant la possibilité de penser l'accomplissement et le soin de soi... Parmi ces voies ouvertes à la réflexion philosophique, la question de la dimension méritocratique de la compétition sportive revêt la figure fondatrice du mythe.
C/ Au-delà des divergences dans la mise en problème et l'analyse du sport contemporain, il convient de souligner deux éléments qui lui sont consubstantiels : la performance sportive s'inscrit au coeur d'une logique de dépassement - « citius, altius, fortius », et c'est celui qui ira le plus vite, le plus haut, ou sera le plus fort, qui triomphera - « que le meilleur gagne ». L'omniprésence de l'effort physique, du dépassement de soi dans l'outrepassement de la douleur, contribue à faire du sport l'incarnation de la valeur du mérite : seuls l'effort, la persévérance, l'entraînement, le renforcement de la volonté, permettent l'atteinte de l'exploit sportif, et l'expliquent. Cette conception idéalisée de la performance sportive ne laisse pas d'interroger sur la réalité des pratiques sportives qui mettent à mal cet idéal méritocratique.
D/ Ainsi l'interrogation sur la méritocratie sportive se subdivise-t-elle en deux thématiques. Il s'agit, d'une part, de comprendre les ressorts de l'engouement pour le sport, et par là, les raisons qui amènent à l'inclure dans une réflexion sur une «