Statue de seul. Mémoire tatouée
« Arts et littérature »
Titien lecteur d’Ovide : l’exemple de Diane découvrant la grossesse de Callisto
« Ut pictura poesis », « la poésie est comme la peinture » : c’est sur cette affirmation d’Horace, dans son Art poétique, que s’appuieront les théoriciens de l’art et de la littérature à partir du XVe siècle et jusqu’au XVIIIe siècle. L’habitude de rapprocher les deux arts, la peinture et la poésie (les « deux sœurs », comme on va même jusqu’à les appeler), est attestée dès l’Antiquité. Dans leur volonté de dépasser l’ancienne conception médiévale du peintre comme simple artisan, de donner à la peinture ses lettres de noblesse et de l’élever au rang d’art libéral, les artistes et les critiques de la Renaissance vont la comparer à sa grande rivale : la poésie. Ils s’inspireront de grands auteurs de l’Antiquité, Horace d’une part, et d’autre part Aristote, dont la Poétique venait d’être redécouverte et avait été traduite en Italie en 1549 et en 1551. Reprenant de nombreux concepts des deux traités de poétique, les théoriciens vont essayer de les appliquer à l’art pictural. La nouvelle théorie assignera notamment comme but aux « deux sœurs » « l’imitation représentative de la vie humaine, non dans ses formes moyennes, mais dans ses formes les plus élevées »1, s’inspirant en cela d’Aristote, tandis que d’Horace dérivera « l’exhortation à instruire en même temps qu’à délecter »2. Dans les deux cas, ces injonctions avaient pour destinataire l’auteur dramatique avant d’être reprises à l’attention du peintre. Par ailleurs, les peintres étaient invités à puiser le sujet de leurs compositions à la source des poètes, ces « peintres d’émotion ». 3 Et il est significatif que Titien, par exemple, choisisse d’appeler poesie ses peintures mythologiques d’inspiration ovidienne. L’idéal du « peintre érudit » est un autre élément important de cette doctrine de l’ut pictura poesis mais ne fut probablement jamais pleinement réalisé : certains théoriciens