Stefan zweig joseph fouché (1930)

1602 mots 7 pages
À Arthur Schnitzler, en hommage affectueux. PRÉFACE

Joseph Fouché, l’un des hommes les plus puissants de son époque et l’un des plus remarquables de tous les temps, a trouvé peu d’amour auprès de ses contemporains et encore moins de justice auprès de la postérité. Napoléon, à Sainte-Hélène, Robespierre, parmi les Jacobins, Carnot, Barras, Talleyrand dans leurs Mémoires, et tous les écrivains français, royalistes, républicains ou bonapartistes, trempent leur plume dans du fiel dès qu’ils doivent écrire son nom. Traître né, misérable intrigant, nature de reptile, transfuge professionnel, âme basse de policier, pitoyable immoraliste, aucune injure ne lui a été épargnée ; et ni Lamartine, ni Michelet, ni Louis Blanc n’essaient sérieusement d’étudier son caractère, – ou plutôt son absence admirablement constante de caractère. Pour la première fois ses traits nous sont présentés sous leur véritable aspect dans la monumentale biographie de Louis Madelin (à laquelle la présente étude psychologique, comme toute autre, doit la plus grande partie de ses matériaux) ; à cette exception près, l’histoire a relégué silencieusement au dernier rang des figurants insignifiants cet homme qui, à un tournant du monde, a dirigé tous les partis et a été le seul à leur survivre, et qui, dans un duel d’ordre psychologique, a vaincu un Napoléon et un Robespierre ; de temps en temps sa silhouette encore traverse une pièce ou une opérette sur Napoléon mais, le plus souvent, sous la forme de charge schématique et banale d’un astucieux ministre de la police, d’un ancêtre de Sherlock Holmes ; une description sans profondeur confond toujours un rôle caché avec un rôle secondaire. Seul, Balzac a vu de la grandeur dans cette figure originale, justement parce que lui-même était grand parmi les grands. Ce haut esprit, plein de pénétration, qui fouillait non seulement la scène mais encore les coulisses du temps, a reconnu sans réserve dans Fouché le caractère psychologiquement le plus

en relation

  • SACRE DE NAPOLEON
    916 mots | 4 pages
  • HIDA COURRRONEMENT DE CHARLEMAGNE
    860 mots | 4 pages
  • Eugène de rastignac - balzac
    1321 mots | 6 pages
  • Commentaire littéraire
    944 mots | 4 pages
  • Comprendre l’image
    256 mots | 2 pages
  • Une double famille commentaire
    839 mots | 4 pages
  • Commentaire compose sur le portrait du colonel chabert
    1064 mots | 5 pages
  • Le savetier et le financier
    2005 mots | 9 pages
  • Francais, au pif
    691 mots | 3 pages
  • 102 Formatif
    397 mots | 2 pages
  • Analyse littéraire : le chef d'oeuvre inconnu de balzac
    638 mots | 3 pages
  • Analyse de texte balzac- le cousin pons
    2309 mots | 10 pages
  • Portrait de madame vauquer, le père goriot, honoré de balzac
    1842 mots | 8 pages
  • Le titre inconcis
    376 mots | 2 pages
  • La decheance de goriot – honoré de balzac
    515 mots | 3 pages