Suicides au travail
Actualité
Le suicide au travail ne relève pas d'une problématique spécifique à telle ou telle entreprise. On le voit, les cas se multiplient, mois après mois : France Télécom, HSBC, BNP Paribas, La Poste, EDF, Sodexho, Ed, IBM... Aucun secteur d'activité n'est épargné. Toutes les tailles d'entreprise sont concernées. Et l’on peut aussi y ajouter certaines professions libérales comme les médecins. Cela tend à démontrer qu'on est en présence d'un phénomène de société, plus large et plus complexe qu'un dysfonctionnement isolé de tel service ou tel atelier.
Cependant, en l'absence de statistiques fiables, il serait un peu rapide d'en conclure que le phénomène prend une ampleur subite et exponentielle. La révélation des suicides permet juste de matérialiser un sentiment diffus que les conditions de travail se dégradent. Elle est aussi le signe que la loi du silence qui a régné sur le sujet est en train d'être rompue. Beaucoup de directions d'entreprise, avec la complicité de certains syndicats, ont longtemps évacué le problème en le mettant sur le compte des "problèmes personnels et psychologiques" rencontrés par les victimes, sans s'interroger sur les organisations du travail et la façon de les faire évoluer.
Même si faire le lien entre conditions de travail et passage à l'acte reste éminemment délicat, reconnaître les faits, en parler dans l'entreprise et commencer à se questionner sur les causes constitue incontestablement un progrès. "Quand le stress dans l'entreprise atteint des niveaux préoccupants, on ne peut pas l'ignorer", admet Carlos Ghosn, PDG de Renault (Le Monde du 15 février). Direction des ressources humaines, syndicats, associations commencent à s'emparer du sujet et on ne peut que s'en féliciter.
Le rapport Nasse-Légeron, remis le 12 mars au ministre du travail, Xavier Bertrand, va également dans le bon sens en proposant de conduire systématiquement une "autopsie psychologique" quand le suicide est commis sur le lieu de