Le 19ème siècle symbolise la période de l’histoire littéraire où s’opère une rupture entre les auteurs classiques et les auteurs romantiques. Cette querelle donne lieu à des divergences idéologiques sur la manière d’entrevoir la littérature du point de vue des thèmes abordés, des formes, et des codes à respecter. Il y a d’un coté la pensée classique qui entend atteindre un but esthétique par le truchement de l’imitation des auteurs antiques, et de l’autre côté les auteurs romantiques qui revendiquent l’inspiration créatrice et le bouleversement des codes pour parvenir à la beauté et à la vérité. Victor Hugo écrit en 1826 dans Préface des Odes et des ballades :

« On entends tous les jours, à propos de production littéraire, parler de la dignité de tel genre, des convenances de tel autre, des limites de celui-ci, des latitudes de celui-là ; la tragédie interdit ce que le roman permet, la chanson tolère ce que l’ode défend, etc. L’auteur de ce livre a le malheur de ne rien comprendre à tout cela ; il y cherche des choses et n’y voit que des mots : il lui semble que ce qui est réellement beau et vrai est beau et vrai partout ; que ce qui est dramatique dans un roman sera dramatique sur la scène ; que ce qui est lyrique dans un couplet sera lyrique dans une strophe ; qu’enfin et toujours la seule distinction véritable dans les œuvres de l’esprit est celle du bon et du mauvais. ».

Victor Hugo s’élève ici contre une classification rigide des œuvres littéraires par genres. Le « On » liminaire désigne l’auteur lui-même car ici, l’auteur s’exprime à le troisième personne du singulier. La première phrase de la citation donne un bref aperçu de la vision classique qui vise à vouloir hiérarchiser les œuvres littéraires en fonction des genres auxquelles elles appartiennent. Cette hiérarchie est mise en évidence par les termes en italiques : « dignité, convenance, limite, et latitudes. » qui désignent des normes : La dignité renvoie directement à la valeur morale d’une