Ecriture d’invention n°1 : Dialogue argumentatif (Manon Lescaut)

Trois jours après que le père de Des Grieux apprenne la nouvelle du départ de son fils pour l’Amérique, il rencontra par hasard –à Paris– le fidèle ami de ce dernier, Tiberge.
Ils se donnèrent donc rendez-vous dans l’après-midi, Jardin des Tuileries.
M. Des Grieux éprouvant beaucoup de respect pour l’ami de son fils, l’embrassa avec tendresse.

Tiberge, timidement :
« Oh monsieur, comme je déplore le comportement de votre fils.
- Vous n’êtes pas le seul, Tiberge… Mais enfin, a-t-on idée d’aller s’acoquiner avec une fille de joie ?
- Avec tout le respect que je dois à votre personne, monsieur, je pense que vous vous méprenez »
Des Grieux s’empourprant :
« Comment ? Moi me méprendre ? Je connais mon fils tout de même !
- Certes, mais si vous aviez eu le temps de connaître mademoiselle Manon, vous n’auriez pas la même opinion, répondit Tiberge.
- Vous, si sérieux et si respectueux de la morale, comment pouvez-vous proférer de telles âneries ? Et quels liens vous lient à cette fille ? Vous ne la connaissez même pas ! Et dire que je vous considérais ?»
Tiberge blêmissant sous l’insulte : «Monsieur, je n’accepterai pas une telle injure !
- Eh bien, arrêtez de vous contredire, voulez-vous ? répliqua sèchement le père Des Grieux
- Plait-il ?
- Vous déplorez le comportement de mon fils et pourtant vous défendez sa maîtresse.
- Je le déplore, pourtant je le comprends, ne dit-on pas que l’Amour a ses raisons que la Raison ignore ?
- Cessez vos enfantillages. Mon fils est un enfant, sa maîtresse est perfide, et vous, vous prenez leur parti sans aucun respect de votre éducation.
- Soit, je vous le concède. Mais ne pensez vous pas, vous qui connaissez si bien votre fils, que seul une force plus forte que l’amour qu’il éprouve pour vous, et plus forte encore que l’emprise que les chaines de son éducation avaient sur lui ont pu le détourner du droit chemin ?
- Mon cher