Supplément au voyage de Bougainville
La création du monde
Pour les philosophes du Siècle des Lumières, l’explication de la Création du monde par un Dieu tout puissant ne va pas de soi. L’exploration des continents par de grands voyageurs permet de lancer le débat, à défaut de répondre à la question. C’est le principe du dialogue philosophique : amener un interlocuteur à réfléchir, à se poser les bonnes questions, et peut-être, à y répondre. Cette méthode a pour fonction de lutter contre les préjugés : former son jugement est un gage de liberté.
C’est donc le mode interrogatif qui sera le chemin vers la réflexion .Ce thème est ensuite repris dans le dialogue entre Orou et l’Aumônier : le Tahitien a bien du mal à croire au grand architecte de l’univers qui a tout fait sans tête ni bras et qu’on ne voit pas.
Dans le Supplément, c’est l’état religieux même qui est remis en cause, de l’habit aux pratiques religieuses. Le dialogue permet de feindre l’étonnement, de marquer la religion du sceau du ridicule.
L’interdit de l’inceste ne peut avoir un fondement religieux, cela est contradictoire avec l’origine de l’humanité telle qu’elle est perçue par les chrétiens.
Diderot ne suggère pourtant pas que l’homme pourrait se laisser aller à tous ses instincts il affirme que nos croyances et nos pratiques sont relatives, qu’elles ne vont pas de soi, et qu’elle mérite l’examen attentif d’un regard