Sur la laicité
Les notes qui suivent ont été rédigées à l’origine pour soutenir un exposé oral fait le 18 juin 2003 à l’IUFM d’Aix-Marseille devant des élèves professeurs de deuxième année des premier et second degrés. Mises à jour en novembre 2003, elles ne sauraient pourtant être regardées que comme l’outil très imparfait d’un premier travail sur les questions qui s’y trouvent abordées.
Question 1. – D’où viennent les mots laïque et laïcité, et que sont-ils censés signifier ? Dans le supplément à son dictionnaire, à l’entrée LAÏCITE, Émile Littré note : LAÏCITÉ (la-i-si-té), s. f. Caractère laïque. Au sujet de l’enseignement laïque,... le Conseil [général de la Seine] a procédé au vote sur la proposition de la laïcité, qui a été repoussée, la Patrie, 11 nov. 1871. En 1871, lorsque le mot est attesté pour la première fois, il s’agit bien entendu d’un néologisme ; dans l’article LAÏCITE qu’il rédige pour le Dictionnaire de pédagogie et d’instruction primaire (Hachette, Paris, 4 vol., 1878-1887), Ferdinand Buisson (1835-1932) écrit encore : Ce mot est nouveau, et, quoique correctement formé, il n’est pas encore d’un usage général. Cependant le néologisme est nécessaire, aucun autre terme ne permettant d’exprimer sans périphrase la même idée dans son ampleur. Dans l’article LAÏQUE du même dictionnaire, le même auteur précise l’origine du mot. Indiquant que laïque a été formé d’après le latin laicus, il note : Mais que voulait dire ce mot latin, et d’où venait-il ? On en chercherait vainement l’étymologie dans les racines propres à la langue de Rome ; c’est un mot étranger, c’est la transcription de l’adjectif grec laïkos, et celui-ci est dérivé du substantif grec laos, qui signifie « peuple », « nation ». Pour cerner un peu mieux le sens brut du mot, Buisson le fait entrer dans une opposition de termes : Une façon de mieux déterminer la valeur exacte du mot laïque, c’est de rechercher quel est son contraire, quel