Syndrome du chien
FORMER LES ENSEIGNANTS AUX CULTURES DES GROUPES MINORITAIRES ETHNICISÉS POUR PARTICIPER À LA LUTTE CONTRE LA VIOLENCE À L’ÉCOLE
Jean-François BRUNEAUD (*)
De nombreux travaux (Debarbieux et al., 2002 ; Dubet, Lapeyronnie 1992 ; Payet, 1996 ; Van Zanten, 2001) ont clairement fait ressortir la fracture à l’œuvre entre le monde des enseignants et celui des élèves issus des quartiers populaires français. L’écart entre les représentations et les pratiques portées par ces deux mondes distincts peut s’avérer être à la base, de la part de certains élèves, de comportements déviants ou ressentis comme tels par les agents de l’institution scolaire. Mais si cette fracture prend sa source au sein d’une logique sociale qui s’appuie sur des mécanismes de domination et de reproduction, elle s’appuie également souvent et de manière insidieuse sur des facteurs ethniques. Ainsi, un certain nombre de conflits naissent à partir d’une incompréhension mutuelle entre élèves et enseignants. Cette incompréhension est alors basée sur une méconnaissance des cultures portées par les différents acteurs ou sur des représentations stéréotypées de celles-ci. À partir d’une recherche axée sur la construction des processus ethniques chez les Maghrébins français, nous proposons d’analyser à travers cet article quelques situations types génératrices de conflits. La recherche en question s’appuie sur une méthodologie basée sur 41 entretiens semi-directifs, 218 réponses à un questionnaire et sur des observations de type ethnographique. Les terrains de recueil des données se situent dans les quartiers des Hauts de Garonne qui consistent, sur la rive droite bordelaise, la plus grande banlieue périphérique de l’agglomération, et des quartiers populaires de la ville de Roubaix (Alma, Cul-de-Four, Hommelet).
(*) Doctorant, ATER à l’IUFM d’Aquitaine-Mérignac, laboratoire LARSEF, Observatoire européen de la violence scolaire, université