La chute du Mur de Berlin et l'effondrement des économies planifiées ont conduit à un élargissement de la sphère du marché à l'échelle mondiale : Francis Fukuyama parlait de « fin de l'Histoire » pour désigner la convergence des sociétés vers l'économie de marché et la démocratie représentative. Mais les attentats du 11 septembre 2001 ont renouvelé les analyses en termes de « choc des civilisations » pour reprendre la formule de Samuel Huntington dans un monde culturellement fragmenté où chaque civilisation persévère dans son être propre et ne converge pas avec les autres. En tout état de cause, les civilisations sont aujourd'hui confrontées à des crises financières de plus en plus violentes, d'autant que la finance contemporaine a laissé se déchaîner la cupidité – les analyses de Max Weber montraient au contraire que le déploiement du capitalisme reposait sur la capacité à rationaliser les appétits et la cupidité, à les maîtriser.
Plus fondamentalement, les sociétés sont exposées au risque de krach écologique. Citant le livre de Jared Diamond, Effondrement, qui rappelle de manière magistrale comment de nombreuses civilisations ont succombé aux désastres écologiques, Daniel Cohen rappelle que la volonté collective doit d'urgence se manifester pour éviter un désastre collectif, même « s'il faudra un immense effort coordonné de recherches scientifiques et de décisions politiques pour s'entendre sur de nouvelles normes internationales ».
L'économie immatérielle constitue à l'évidence un nouvel espoir pour les nations, même si le cybermonde crée en réalité une mondialisation des images de la mondialisation et peut, face à l'exemplarité affichée du modèle occidental, conduire en retour à une crispation sur les identités de référence.