Texte_Milgram
La simplicité est la clé de l’efficacité en matière de recherche scientifique, en particulier lorsque le sujet de l’investigation appartient au domaine de la psychologie. Par sa nature, un tel sujet est difficile à appréhender et susceptible de comporter plus d’aspects qu’il n’y paraît au premier coup d’œil. L’utilisation de procédés compliqués ne ferait que gêner l’examen rigoureux du phénomène lui-même. Pour étudier l’obéissance avec le maximum de simplicité, il faut créer une situation dans laquelle une personne donne l’ordre à une autre d’accomplir une action observable et noter le moment et les circonstances où il y aura soumission ou révolte.
Si nous voulons mesurer la force de l’obéissance et les conditions qui la font varier, nous devrons tenter de l’obtenir en lui opposant un facteur puissant qui va dans le sens de la désobéissance et dont chacun reconnaît l’importance au point de vue humain.
De tous les principes de la morale, le plus universellement admis est l’obligation absolue de ne pas faire souffrir un innocent sans défense qui ne représente aucun danger pour qui que ce soit. Tel est l’obstacle que nous dresserons sur le parcours de l’obéissance.
La personne qui vient au laboratoire recevra l’ordre d’infliger une punition de plus en plus sévère à un autre individu, ce qui déclenchera aussitôt en elle des réflexes l’incitant à la révolte. À un moment impossible à déterminer à l’avance le .sujet pourra refuser de suivre les instructions données et cesser sa collaboration. Nous appellerons obéissance le comportement antérieur à ce point de rupture qui, lui, constituera l’acte de désobéissance il pourra se produire à n’importe quel stade dans la séquence des ordres donnés et nous fournir ainsi la mesure d’évaluation recherchée.
Le type précis de l’action qui sera exercée contre la victime n’est pas d’une importance capitale. Dans le cas de notre étude, nous avons choisi l`administration de
décharges