L’ouvrage de Freud, Totem et Tabou (1913), traite, sous la forme de quatre essais successifs un domaine très large couvrant l’histoire des cultures et des religions, de manière à reconstituer ce qu’on pourrait appeler une genèse de la morale. Il s’appuie pour cela sur l’observation de tribus primitives rapportée par des anthropologues tels que Frazer ou Wundt, afin de dégager le sens de leur organisation sociale et religieuse, le totémisme, et des règles sacrées qui dirigent leur comportement, le tabou. Mais quel est donc le lien entre l’origine de la culture et la vie sociale des primitifs ? Freud cherche à donner une explication psychanalytique de la naissance de la culture, c’est pourquoi il exploite dans sa démonstration l’archaïsme des hommes sauvages supposé proche de celui de nos ancêtres. Dans une perspective évolutionniste, il pose donc l’hypothèse que nous avons eue dans une vie antérieure, conscience de la nécessité de respecter des tabous, comme le font la plupart des primitifs.
« La conscience morale taboue est sans doute la forme la plus ancienne sous laquelle se présente à nous le phénomène de la conscience morale. », Freud, Totem et Tabou
Freud postule qu’il y a des comportements, des composantes de la vie psychique qui subsistent au travers du temps et au travers du monde entre tous les peuples. Dans cette mesure, il existe un lien entre le comportement des primitifs et celui des premiers hommes, qui est d’autant plus fort que leur conditions de vie (et leur développement psychique) sont très semblables. Ce comportement est donc propre à éclairer l’émergence de la culture.
Les peuples natifs d’Australie, les plus sauvages parmi les peuples au mode de vie primitif, offrent une certaine ressemblance avec les hommes préhistoriques dont descend l’homme civilisé moderne. Pour comprendre le comportement de ces ancêtres, Freud propose une comparaison interdisciplinaire entre la vie psychique de