Tristan et iseult
C’est avec les tous premiers débats philosophiques qu’est apparu le conflit entre les passions et la raison. À partir de ce jour, ils se sont toujours opposés dans les différentes approches de «l’art de vivre». Choisir de vivre selon ses passions peut susciter son lot de difficultés : «La passion est le lieu des interdits, des contraintes, des menaces. C’est ce qui explique ses liens privilégiés avec la souffrance […], avec la mort […] et avec la littérature [à cause de son] processus d’identification cathartique.»[1] La passion amoureuse est peut-être celle qui est la plus représentée dans la littérature occidentale. Tristan et Iseut peut même être considéré comme le mythe fondateur de cette passion amoureuse.[2] D’ailleurs, elle occupe la place centrale du récit et c’est son côté tragique qui a su susciter autant d’intérêt à travers les époques. Toutefois, il est important de constater que cette passion affecte aussi bien le corps que l’esprit des amants. Mais alors, quelle est la fonction de ces deux éléments dans l’amour-passion que vivent les amants? En fait, le corps et l’esprit, en s’unifiant, joue un rôle fusionnel dans Tristan et Iseut. Ils permettent aux amants de ne faire plus qu’un, de vivre dans une bulle qui les mettent dans une relation de dépendance l’un envers l’autre, relation qui, pourtant, leur apporte un bonheur intense. Le présent essai abordera la manière dont cette fusion se crée ainsi que la manière dont elle se vit dans le moment présent, qui est satisfaisant, mais également à long terme, alors que cette fusion ne peut être que destructrice.
Pour atteindre leur pleine fonction, le corps et l’esprit ne doivent pas être étudiés séparément: «Aristote, partant de la dualité entre l’âme et le corps envisagée par son maître Platon, élabore progressivement une philosophie qui embrasse globalement ces deux composantes