Un personnage faible, médiocre voir méchant peut il être le héros d'un roman ?
Les premières rencontres avec la lecture, enfant, passent souvent par l’identification à des personnages aux destins et aux qualités hors du commun. La littérature pour la jeunesse - contes, nouvelles et romans - en regorge. Adultes, les lecteurs ont tendance à se tourner encore vers ce type de héros. Se poser la question de savoir si un personnage faible, médiocre, voire méchant peut occuper la première place d’un roman est une remise en question d’une des constantes du romanesque, à savoir que celui-ci repose souvent sur de l’exceptionnel. En effet, la faiblesse d’un personnage contredit l’idée de vertu et de courage en particulier, tandis que le terme « médiocre », du latin medius (« qui est au milieu ») désigne ce qui est sans éclat. Ces termes, associés à l’adjectif « méchant », quant à lui, pousse à s’interroger sur la notion d’antihéros. Le principe selon lequel le roman se tourne d’abord vers des personnages d’exception est-il vrai ? Nous verrons dans un premier temps que si, par tradition, le roman a besoin de héros hors du commun, en revanche, la présence de personnages médiocres au premier plan de la narration est un apport incontestable.
Le roman, par tradition, met fréquemment en scène des héros aux caractéristiques qui en font des sortes de surhommes. Le roman a en effet d’abord besoin de héros aux caractéristiques et au destin exceptionnels, et dont on trouve d’abord l’archétype dans la littérature populaire. Le héros est généralement paré de toutes les vertus – courage, générosité, ténacité… Doté d’un solide sens moral, il tient la première place dans la narration, qui se construit autour de son parcours et de ses exploits. Ainsi dans le roman d’aventures, des personnages tels que Gulliver dans le roman de Jonathan Swift, se caractérisent par leur courage, leur volonté, leur humanisme et leur générosité. Par exemple, Gulliver renonce à