Une nuit avec les gnanouas
Pour les festivaliers, les lilas sont des concerts privés, payants, durant lesquels tout le monde peut danser devant le mâalem de la soirée. Pour les puristes, ce sont des rituels hérités d’un autre âge. Bienvenus dans le voyage mystique par excellence.
Du propre aveu des organisateurs, les lilas programmées pendant le festival sont «softs». C’est vrai qu’on peut y voir des gens entrer en transe et tomber par terre sous le rythme endiablé du guembri et des crotales (qraqeb). Mais les véritables lilas entrainent ses participants dans un autre monde. Celui des mlouks ou des esprits avec lesquels le mâalem (maître) dialogue tout le long d’un rituel porté par les croyances des esclaves venus d’Afrique noire et gardé comme un trésor par leurs descendants. Pour les gnaouas, la lila est la commémoration de la Création. Traditionnellement, elle est célébrée pendant le mois de 8ème mois de l’hégire, Châabane, qui correspond dans la religion musulmane au moment de la Genèse.
Au commencement, c’est El aada. L’introduction. A la tombée de la nuit, le maître pénètre les lieux tambour battant, accompagné de sa troupe de qraqeb. Ils prennent place dans une pièce, formant un cercle autour de celle qui ouvre le bal, la prêtresse de la soirée : La mqeddma. Mais attention, la place doit être purifiée. Ames sensibles, s’abstenir car la purification se fait par le sang d’animaux sacrifiés. Vaches, boucs et autres coqs sont offerts en offrande à la terre pendant que le guembri est exorcisé par de l’encens. La fumée du bkhour inonde donc la salle et la vestale n’y échappe pas. Les participantes, que des femmes au début, font tourner un petit brasero autour de sa tête en guise de bénédiction. Pour la petite histoire, on raconte que Abderrahim Paca, l’ancien de Nass El Ghiwane, intronisé mâalem, a subi l’ire de son maître car il jouait des airs sacrés sur l’instrument pas encore purifié.
Chez les gnaouas, On ne badine pas avec les rites. Une fois les