Usages de drogues, modes de sorties et préférences musicales : des liens à nuancer
30 La production des discours institutionnels et sociologiques sur les usages de drogues des jeunes au cours des vingt dernières années a été structurée par des représentations de la jeunesse et de l’adolescence, abordées au travers de pratiques supposées spécifiques. Aussi les usages de drogues sont-ils prioritairement pris en considération, dans les politiques publiques, en relation avec certaines circonstances de consommation ou certains rôles sociaux associés à des situations de vie réputés « typiques » de la jeunesse. Les manifestations culturelles qui drainent un public jeune, par exemple, telles que les festivals musicaux (Francofolies de La Rochelle, Eurockéennes de Belfort, Vieilles charrues à Carhaix, etc.) ou les fêtes techno (rave-parties, free-parties, teknivals, etc.), constituent des pratiques de rassemblement de jeunes et des styles de vie emblématiques, spontanément associés à des usages de drogues cristallisant l’attention publique[20] [20] Un indicateur de cette attention renforcée peut être,... suite. La réduction quasi systématique, par le langage et le sens communs, de certains espaces festifs musicaux à des espaces de consommation généralisée de drogues (comme la techno par exemple, plus que le rap ou le hip-hop), est ainsi particulièrement remarquable, tant dans la littérature socio-ethnologique (Mabilon-Bonfils, 2004 ; Racine, 2004), que dans les articles de presse ou les débats politiques, alors même que cette assimilation des raves à un vaste marché dérégulé de la drogue (et partant, à un problème de santé et d’ordre publics) demeure discutée (Epstein & Fontaine, 2005).
31 Marqueur d’identité sociale à l’adolescence, l’usage de drogues s’inscrit dans des activités ordinaires de la sociabilité adolescente et donc dans les pratiques festives. Dans ce contexte, la prise de drogue acquiert un sens symbolique en s’intégrant dans un cadre rituel, en créant