LE TRAITEMENT ET LA VALEUR DE LA MUSIQUE DANS LA BÊTE HUMAINE ET ACCATTONE

Les deux cinéastes manifestent un autre souci commun dans leurs films respectifs : celui de n’avoir pas laissé au hasard l’accompagnement musical de leur œuvre. Toutefois, le traitement et le rôle de la bande sonore sont très différents d’un film à l’autre.
Jean Renoir est l’un des premiers réalisateurs français du cinéma parlant. L’avènement du son a totalement modifié l’esthétique du cinéma et aux origines du parlant, les courants cinématographiques réservent une place nouvelle à la musique.
Pour La Bête Humaine, Renoir demande au compositeur français d’origine hongroise, Joseph Kosma de réaliser la bande musicale du film. Le réalisateur a une visée bien précise pour la musique de son film : plus que la ponctuer, elle devra produire des significations précises complétant l’action filmée. Dominique Nasta, historienne du cinéma, étudie le dispositif musical renoirien. Dans son article Fonctions de la musique dans les films de Renoir, elle analyse la double relation possible qu’entretiennent récit filmique et bande-son : une équivalence totale (signification naturelle) ou une discontinuité (signification non-naturelle). La partition de Kosma entretient cette double relation avec la narration filmée. Mais c’est surtout la discontinuité fréquente du rapport de sens entre le visuel et le sonore qui donne à la musique du film renoirien cette importance fondamentale. Selon Nasta, Renoir crée une relation d’équivalence entre le personnage de Lantier, sa locomotive ( La « Lison ») et un leitmotiv musical qui apparaîtra à plusieurs moments du récit.
Après avoir clairement établi le rapport entre les trois éléments, puis donné au thème musical une fonction anticipative (lors de l’assassinat avorté de Flore), Renoir expérimente les effets de la signification non-naturelle. Le leitmotiv musical est alors varié autour du thème principal pour créer des effets de sens. « Ainsi, à l’intérieur de