Visions de l’homme et du monde
Texte A – Honoré de Balzac,
Le Chef-d ’œuvre inconnu
, 1832
Texte B – Victor Hugo,
L’Homme qui rit
, 1869
Texte C – Emile Zola,
L’Assommoir
, 1877
Texte D – Ma rcel Proust,
Le Temps Retrouvé
, 1927
Le roman et ses personnages : visions de l’homme et du monde
Question :
Il s’agira d’abord de s’interroger sur la notion de « r éel » dans le cadre de la caractérisation du personnage romanesque.
1. On peut envisager le terme sous la simple accepta tion de ce qui est vraisemblable, de ce qui pourrait être.
En cela, on observe que les quatre tex tes mettent en scène des personnages dont la représentation n’induit aucunes déformation des lois physiques régissant le monde : leur dimension extraordinaire ne relève pas du féerique. 2. Mais aussi, dans le sens de ce qui tient compte de la matérialité du co rps, de ses imperfections, de sa pesanteur, de son usure
, en opposition par ex emple avec les descriptions idéalistes et superlatives du conte de fées ou du roman courtois : délabrement physique de Frenhofer et du duc de Germantes, défiguration de
Gwynplaine, examen physiologique auquel Zola soumet Goujet – la Gueule-d’Or –
(pilosité, musculature, réseaux sanguins, comme si le descripteur feuilletait des planches anatomiques). Le corps du personnage n’est plus une surface abstraite, une convention rhétorique : inscrit dans la durée (Proust), subissant les heurts du monde, il se déploie en trois dimensions.
3. Enfin dans le sens d’un ancrage sociologique ou d’un appui historique impliquant un travail de documentation : le personnage d e Balzac prend corps dans l’univers des peintres de cour ayant officié en France au début du XVIIe ;
Goujet évolue dans un décor prolétaire dont la description, empruntant à l’argot des ouvriers et au