La situation de l'alimentation dans le monde est caractérisée de nos jours par un déséquilibre entre des zones riches et des zones extrêmement appauvries. Dans les premières, si l'on excepte quelques aberrations historiques comme des famines provoquées par les autorités politiques (par exemple en Ukraine sous Staline), la disette a disparu depuis au moins un siècle. Tandis que, dans les secondes, qui regroupent la très grande majorité de la population de la planète, la faim reste, selon les termes de l'Organisation des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO), «la manifestation la plus extrême de la pauvreté et du dénuement».

Les chiffres
La première donnée concernant l'alimentation mondiale est la capacité de la planète à produire de la nourriture. Sur 130,5 millions de km2 de terres émergées fermes, donc à l'exclusion des lacs et cours d'eau, 49,6 millions sont consacrés à l'agriculture, dont 34,6 millions au pâturage permanent, et 15 millions aux divers types de cultures : temporaires pour 13,7 millions de km2, permanentes comme les arbres fruitiers ou la vigne pour 1,3 million de km2. La moyenne des terres par habitant s'établit donc, si l'on ne prend en compte que les terres arables cultivées, autour de 0,25 ha par habitant et par an, et cette moyenne devrait continuer à baisser et atteindre 0,15 ha par habitant et par an en 2050. La question de la productivité des terres, qui reste pour les organismes internationaux le principal palliatif à la baisse en valeur absolue de la superficie des terres agricoles, se trouve donc au cœur des débats sur l'alimentation dans le monde contemporain - on y revient ci-après. Selon les chiffres de la FAO , 815 millions de personnes étaient sous-alimentées dans le monde en 1997-1999, contre 900 millions environ dans les années 1970. Sur ces 815 millions, 777 se trouvent dans les pays du tiers-monde, 27 millions dans les pays anciennement socialistes en transition vers l'économie de marché, et 11