L'appareil du telephone francis ponge
La métaphore filée est celle du rocher, du homard (métaphore maritime), de la sirène. Les motifs de la métaphore sont le rocher / le socle, le homard et le combiné (→ voir aussi « Le Téléphone-homard » de Dalí (1936) sur Universdali.com), la sirène (créature fabuleuse / sonnerie) et l’hyperbole de la sonnerie. Le terme « appareil » (= assemblage de pièces) dans le titre du poème rappelle aussi le sens premier du mot et connote la pompe, le cérémonial. Par ailleurs, les termes « charme » et « prodige » tissent le réseau lexical du merveilleux. Nous avons ici affaire à une célébration du téléphone. Le « rocher » est le centre d’un jeu phonétique (cf. décrocher) avec « en anicroche » (« sans anicroche » = sans problème) ; la métaphore est ici activée par la fausse dérivation rocher → décrocher = enlever du rocher.
Le couple sirène / homard (homard / homme) évoque une relation de séduction observable par le champ lexical du sensuel : « appel », « seins », « frémir », « provocation », « charme » et « agréable ». Cet aspect rappelle évidemment la propriété du téléphone : celle de mettre en relation. Les termes « agir » / « patient » et « dire » / « être rassuré » suggèrent tour à tour la voix active et la voix passive.
On observe par ailleurs un autre champ lexical : il s’agit de la métaphore guerrière du téléphone : « invasion », « accès », « provocation », « impérieuse », « prendre acte », « perforer », « patient » et « plainte ».
La dernière phrase de notre texte évoque la comédie humaine : à la fin du poème, ce dernier se désigne lui-même.
En conclusion, on peut dire que la tentative de Ponge est de faire correspondre la chose évoquée au verbe poétique (les mots « ressemblent » à la chose) au moyen d’un jeu sur la fausse étymologie et sur la fausse dérivation. Il faut noter l’humour présent dans notre