L'art est sauvage (nature-writing)
Vous direz dans quelle mesure cette citation rend compte de votre lecture des œuvres de nature-writing.
Lorsqu’on évoque le nature writing ce sont d’abord les auteurs de l’école du Montana qui nous viennent à l’esprit (Bass, Harrison, Fromm), suivis de près par leurs aïeuls transcendantalistes (Thoreau, Emerson) voire romantiques (Goethe, Rousseau) ou encore le titre de Paasilinna. Chez ces auteurs le remarquable tient en ce que l’écriture fait primer l’empirique, l’expérience de vie auprès de la nature, sur une démarche plus intellectualiste. Voici une écriture où littérature et nature sont intimement liées, au point que Rick Bass n’hésite pas à affirmer dans Le Livre de Yaak que « l’art est sauvage ». Une assertion qui s’impose sous forme de définition par l’attribut de qualité, « sauvage », qu’il offre à la notion d’ « art ». « L’art est sauvage » c’est la définition du concept artistique tel qu’il apparaît à Rick Bass, et tel qu’il transpire à travers toute la littérature de nature. Pourtant cette affirmation interpelle, notamment par sa polysémie intrinsèque et une certaine obscurité due à la jonction de deux idées abstraites. L’art est-il semblable au sauvage, lui est-il indéfectiblement lié, se caractérise-t-il par une certaine forme de « sauvagerie », puise-t-il sa source dans le sauvage ou bien alors ne réside-t-il pas exclusivement dans la nature sauvage ?, sont autant de sens que l’on pourrait y voir.
Par cette simple réflexion, Bass non seulement interroge sur les liens que l’art entretient avec le sauvage –que ce soit au sens large ou au sens de nature sauvage- mais il va surtout au-delà puisqu’il en vient à poser des questions fondamentales et qui ne sauraient se restreindre à la seule littérature de nature : comment définir l’art ? que représente-t-il ? est-il un objet autotélique du Beau ? quelle est sa place dans notre monde et son impact ?
La polysémie de l’expression de Bass à pour cause essentielle