L'image ouverte
George Didi-huberman p208 "Et de même que nous avonc choisi le mot visuel pour exprimer l'exigence ou le travail de la relève du visible, de même nous devons trouver un mot pour exprimer le moins mal possible cette nouvelle exigence et ce nouveau travail de la pensée. Prenons le donc, ce mot, dans la tradition elle même, et proposons la notion d'exégèse, qui étymologiquement nous suggère le mouvement d'aller toujours au delà, c'est à dire d'être toujours conduit hors du sens manifeste que l'écriture propose d'abord. Alors que le mot lecture porte en lui l'indication d'un lien qui se resserre, l'exégèse quant à elle vise à ouvrir le texte à tous les vents du sens latent.
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A l'article figura de ce dictionnaire écrit en latin, on lit en substance ceci ; figurare signifie bien, à un niveau superficiel, représenter ou se représenter une chose sous son aspect, sa forme "naturelle". Mais à un niveau beaucoup plus profond et essentiel, figurare devient un verbe très paradoxal, puisque Giovanni Balbi nous explique qu'il est équivalent aux verbes praefigurare, et, même, defigurare. Pourquoi? Parce que l'art de figurer consiste strictement à "transposer ou transporter le sens (de la chose qu'on veut signifier) dans une autre figure". Tout le paradoxe de la figure comme relation tient dans ce transport, dans cette altération. Figurer une chose n'est donc pas lui restituer son aspect naturel ou "figuratif". C'est exactement du contraire qu'il s'agit, à savoir : mener tout un travail du déplacement de son aspect, pour tenter d'appréhender ou d'approcher, par un détour, le noeud de sa vérité essentielle.
Se détourner de la chose pour la donner à voir : l'exigence est