IntroductionLa France est le second pays de la révolution industrielle. Elle a en effet connu ce qu'on appelle le take-off, la naissance de l'âge industriel, concomitamment à la Grande-Bretagne. Mais à la fin du xixe siècle, elle est progressivement rattrapée puis dépassée par les États-Unis et l'Allemagne. La Révolution française puis le blocus britannique de l'Empire napoléonien ont entravé son développement industriel, lui donnant finalement l'image d'un pays peu industrieux, image confortée à la fin du xxe siècle par la crise des années 1970-1980. Pourtant, tout au long de ces deux siècles et demi, la France est restée et demeure aujourd'hui une puissance industrielle de premier plan. Les capacités d'adaptation de son système productif, son ouverture au monde ont dessiné un nouveau visage de l'industrie française, témoin de ses forces et faiblesses.
I. Les mutations du système productifA. Les difficultés d'adaptation
Après le redressement industriel de l'après-guerre (1945-1950), suivi de la période de forte croissance des Trente Glorieuses, l'industrie française a été confrontée aux effets de la révolution technologique et de la mondialisation à partir des années 1970. L'émergence des nouveaux pays industriels, notamment en Asie, a accentué la concurrence. Certaines branches industrielles dans lesquelles la France tenait les premiers rangs mondiaux, comme le textile, la sidérurgie ou les constructions mécaniques, ont connu (et connaissent encore) de graves difficultés.Souvent issues d'une histoire ancienne (on songe à Creusot-Loire, héritière des maîtres de forges du xixe siècle), souffrant d'un manque de capitaux propres en raison d'un actionnariat généralement familial, les firmes françaises de ces secteurs ont souffert de ces nouvelles concurrences. Ne disposant bien souvent pas des moyens humains et financiers indispensables aux investissements nécessaires pour se développer sur des produits à plus forte valeur ajoutée, elles ont payé un lourd tribut aux