L'initiation
Par Bastide Roger
INITIATION
L’emploi du terme «initiation» s’est généralisé aujourd’hui pour signifier le fait de mettre au courant un individu aussi bien d’une science, d’un art que d’une profession (par exemple: initiation aux mathématiques), alors qu’il désignait primitivement et surtout l’ensemble des cérémonies par lesquelles on était admis à la connaissance de certains «mystères». Il est facile de comprendre d’ailleurs comment et pourquoi l’on est passé du sens plus ancien au plus moderne, les pratiques de divers métiers (ceux de forgeron, d’alchimiste, de maçon par exemple) étant gardées secrètes par les maîtres qui ne les révélaient que peu à peu à leurs apprentis. Les ethnologues ont été amenés à distinguer trois types d’initiations: celles qui font entrer les jeunes gens dans la catégorie d’adultes (initiations tribales) , celles qui ouvrent l’accès à des sociétés secrètes ou à des confréries fermées (initiations religieuses), celles qui font abandonner la condition humaine normale pour accéder à la possession de pouvoirs surnaturels (initiations magiques). Si le premier type comporte toujours une partie religieuse et fonde le rituel sur des archétypes mythiques, il constitue un rite de passage profane, au contraire du deuxième; si le premier a pour fonction d’intégrer l’individu dans la société, le troisième au contraire l’en sépare (J. Cazeneuve); malgré ces différences, il est possible de trouver une définition générale valable pour les trois: l’initiation est toujours un «processus destiné à réaliser psychologiquement le passage d’un état, réputé inférieur, de l’être à un état supérieur» (S. Hutin). 1. Les sociétés archaïques et historiques Pour l’Antiquité orientale et gréco-romaine, seule est connue l’initiation de type religieux, qui permet l’affiliation à des confréries religieuses, comme celles des curètes, des dactyles, des corybantes ou des cyclopes, et l’admission à des cultes à mystères, comme ceux d’Isis et